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La « clean girl », figure de proue d’un #BeautyTok sans aspérités

On les a vues surgir de partout, sur TikTok, ces passionnées de maquillage qui proposent de suivre différentes tendances beauté. Du #StrawberryMakeUp (24 500 publications), qui vous donne un teint de pêche frais avec des joues rosées, au #DouyinMakeUp (123 000 publications), inspiré de la routine beauté des Coréennes, qui appliquent sur leur visage jusqu’à 10 produits matin et soir, chacune promet un rendu très « naturel » pour maximiser son capital beauté. Et la plus connue reste celle incarnée par les « clean girls » (« filles propres » en français, 304 000 publications sur TikTok).
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Ce terme apparaît sur l’application de partage de vidéos à partir de 2020. Il se réfère à des icônes de la beauté comme les sœurs Gigi et Bella Hadid, Kendall Jenner ou encore à Hailey Baldwin. La clean girl est une femme jeune, souvent blanche et assez aisée, au mode de vie minimaliste, prétendument simple et ordonné, à l’image de celui des Scandinaves.
Le visage frais comme la rosée du matin, elle adopte une « skincare routine » (routine de soins de la peau) censée ne demander aucun effort. En bref, donner l’impression que le résultat est naturel, alors qu’il nécessite des heures de travail, tant au niveau de l’application de soins pour hydrater la peau, la récurer, enlever la moindre imperfection, qu’au niveau technique. En effet, après ce travail hygiéniste de longue haleine, avoir attaché ses cheveux en arrière et mis ses bijoux en or, reste encore à appliquer la dernière couche de filtres.
De ce fait, aucune imperfection n’échappe à cette maniaque du contrôle. De même pour sa maison, lavée et rangée parfaitement. La très disciplinée clean girl surveille également de près son alimentation et l’évolution de son physique. Eh oui : « Tu es ce que tu manges », lance-t-elle à ses détracteurs.
Adieu boutons, points noirs, ridules, cicatrices, pores bouchés, sébum… Un grain de peau tout à fait lisse, dénué de texture la caractérise. Ici, le naturel se confond avec l’artificiel, une beauté aseptisée, uniformisée tant elle est devenue commune et objet de retouches.
Malgré tous les efforts faits pour obtenir ce petit minois délicat tout droit sorti d’une pub pour un parfum de luxe, cette discipline a ses limites (voire ses travers). En 2022, l’étude américaine d’ActaBiomed pointe la « Zoom dysmorphophobie » – rejet des défauts de l’apparence physique –, causée par l’utilisation de la plate-forme de visioconférence pendant la pandémie de Covid-19, souligne les risques liés à l’idéalisation de l’image. Dès que la clean girl ferme l’application TikTok et met le nez dehors, vêtue d’une tenue dans les tons blancs ou beiges, elle est rappelée à la dure réalité par le moindre miroir.
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